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Méfions-nous
des recettes simplistes de sortie de crise
aux effluves un peu rances. Gardons-nous
de filer la métaphore guerrière au-delà
de la stratégie sanitaire à adopter. De
conflit physique, il n’y a pas eu. Nos bâtiments,
magasins, usines, bureaux sont toujours en
place, et les stocks à leur plus haut
niveau.
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Cette
crise inédite nous demande un effort de réflexion
pour en sortir, tout en préservant
l’emploi au maximum. Distinguons, à
cette fin, les véritables pistes
d’avenir des impasses déjà empruntées.
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Impasse n° 1 : relancer la demande en faisant
fi de l’offre
Actuellement,
compte tenu de la structure de notre appareil
productif, cela se traduirait surtout par une
hausse de nos importations. Petit équipement,
meubles, habillement, etc., sont surtout
produits à l’étranger. Pour que la relance
de la demande puisse fonctionner, pour que la
consommation des ménages soit à même
d’impulser la croissance nécessaire sur le
territoire, il faut agir sur l’offre, la réinventer.
La
concentration de la production dans une partie
du monde, à bas coût, a été une erreur
fondamentale : elle soumet le monde au risque
de chocs exogènes, c’est-à-dire d’événements
brutaux, imprévisibles, affectant l’équilibre
de l’économie. Aujourd’hui, il s’agit
d’une crise sanitaire ; hier, elle était
financière ; demain, elle peut être géopolitique. |
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Impasse n° 2 : augmenter le temps de travail
Cette
formule, qui peut être valable en temps de
reconstruction d’un pays, ne s’applique
pas dans ce contexte. En outre, les 35 heures
n’empêchent pas les entreprises de faire
travailler davantage leurs salariés. La durée
légale du travail ne constitue pas un plafond
impératif ; elle ne sert qu’à déterminer
le volume d’heures au-delà duquel se déclenchent
les majorations liées aux heures supplémentaires.
Ces dernières années ont déjà été «riches»
en termes de réformes du Code du travail.
Depuis 2017, les entreprises disposent de
larges marges de manœuvre par voie de négociation
(dispositifs d’aménagement du temps de
travail sur l’année, accords de performance
collective, quota de 200 heures supplémentaires
sans charges sociales). Enfin, l’État est
intervenu par ordonnance le 25 mars dernier
pour assouplir provisoirement les règles de
prise des congés payés ainsi que des jours
de repos, et élargir les dérogations à la
durée du travail. Les entreprises ont donc
les outils nécessaires pour faire face à une
éventuelle augmentation de leur activité. Il
n’est nul besoin d’en créer de nouveaux,
eu égard aux impératifs de protection de la
santé des travailleurs. |
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Impasse n° 3 : baisser le coût du travail
Le
véritable objectif qui sous-tend le débat
sur le temps de travail est bien la réduction
du coût du travail. Or, depuis le début des
années 1990, la lutte contre le chômage et
la reconquête de la compétitivité se sont
opérées via la recherche désespérée de la
compétitivité coût. Celle-ci a poussé le
monde entier à fragmenter son appareil
productif et à concentrer sa production et
son approvisionnement dans un seul endroit. Ce
qui, comme on on l’a vu précédemment,
n’est plus tenable. En France, la baisse du
coût du travail a été réalisée
principalement par le biais de réductions
massives de cotisations, ciblées sur les bas
salaires. Ces mesures ont donc encouragé le développement
d’emplois faiblement rémunérés,
susceptibles de se transformer en « trappes
» pour les salariés concernés et ne
contribuant pas ou peu à l’innovation dans
les entreprises. Or, la priorité des
entreprises n’est plus aujourd’hui de
faire baisser le coût du travail, mais
d’accorder offre et demande. De plus, réussir
la relocalisation implique que les
consommateurs puissent, en termes de pouvoir
d’achat, se procurer des produits redevenus
locaux. |
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