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Principe de précaution
Il n’existe pas, à
l’heure actuelle, un consensus formel,
ferme et définitif de la communauté médicale
et des spécialistes hygiénistes sur
cette question, qui se fonderait sur un
ensemble d’études éprouvées et
revues par les pairs. La raison est
simple : l’état des connaissances
accumulées sur le nouveau coronavirus
évolue en temps réel.
Pourtant, si les spécialistes
consultés
insistent sur l’absence d’un
consensus scientifique autour de la
question du port du masque à l’extérieur,
toutes et tous arrivent à la même
conclusion, qui va dans le sens du
principe de précaution. Ils
recommandent le port du masque à
l’extérieur dans les situations où
l’on serait susceptible de croiser
d’autres personnes et sans être
certain de pouvoir garder ses distances.
L’idée, c’est aussi d’anticiper
la réaction des autres, pour respecter
la distanciation physique, il faut être
deux. Au marché, je ne peux pas
garantir que la personne devant moi ne
va pas se rapprocher, donc je mets mon
masque.
L’été, surtout, période
pendant laquelle il y a peu de vent et où
on observe une densité de population
importante par endroits ou des
rassemblements statiques (sur les marchés,
par exemple), il paraît légitime de
prendre des précautions pour réduire
le risque de transmission.
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Microgouttelettes
En fait, pour
l’instant, un seul cas de figure opère
réellement un consensus. Il s’agit de
l’efficacité du masque en milieu
clos. En France, son port dans les lieux
publics fermés a été rendu
obligatoire le 20 juillet dernier.
Outre la projection de
grosses gouttelettes en face-à-face,
qui demeure la principale voie de
contamination de la Covid-19, la
transmission par aérosol de
microgouttelettes apparaît
aujourd’hui possible.
Dans les espaces clos, surtout
mal ventilés, la transmission aérienne
par microgouttelettes n’est pas très
importante mais quand même
significative. Une personne
symptomatique alimente la présence de
microgouttelettes, qui restent dans
l’air et peuvent être respirées par
d’autres.
Différentes études se
contredisent. Il est par exemple très
difficile d’être précis et de dire
qu’au bout de cinq heures, il y a
quatre fois moins de virus dans l’air.
Cela dépend du contexte. On sait que
dans l’immédiat, les
microgouttelettes sont infectieuses. Il
faut avoir l’humilité de dire que ce
mode de transmission par aérosol
n’est pas marginal, qu’il est
possible et plus important que ce
qu’on pensait.
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Cocktail de mesures
D’où un principe de
précaution, au moins en présence
d’autres personnes, même à l’extérieur.
Pour simplifier, on peut prendre
l’image de la fumée de cigarette. A
l’extérieur, par grand vent, la fumée
de cigarette est emportée ou diluée.
En intérieur, quand vous vous trouvez
dans la même pièce qu’un fumeur,
vous allez respirer fortement la fumée
qu’il rejette. Et en terrasse par
exemple, il a sûrement pu vous arriver
d’être importuné par la fumée du
voisin. Il faut adopter la même logique
avec la persistance de microgouttelettes
dans les airs. Au final, dès qu’il y
a de la promiscuité, il faut porter le
masque.
Il n’existe pas encore
de données sur l’efficacité d’une
mesure de prévention donnée par
rapport à une autre. Les spécialistes
répètent donc un cocktail de mesures,
à savoir la distanciation
physique, le port du masque et le lavage
des mains. On est incapables de dire,
sur la base de données scientifiques,
la méthode qui fonctionne le mieux. A
partir de là, difficile d’affirmer
que simplement se tenir à distance les
uns des autres, même dehors, suffit à
être protégé.
Enfin, les spécialistes consultés notent pour certains un autre
aspect du port du masque généralisé,
davantage sociétal que scientifique. Il
s’agit de jouer sur les bons réflexes
et les habitudes collectives. Une étude
chinoise
a montré, par exemple, qu’on
se touche moins le visage quand on porte
le masque en continu. Or, le fait de
porter des mains infectées à son nez,
ses yeux ou sa bouche est un mode de
transmission reconnu du virus. Les
experts ont tendance à espérer que
porter le masque dehors incitera les
gens à le garder davantage en milieu
clos, là où le risque est plus grand.
Adopter le réflexe de porter le masque
dehors, en évaluant soi-même le
risque, devrait permettre de diminuer le
nombre de nouvelles infections.
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