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Ce premier mois de
confinement a vu s’instaurer un certain
nombre de rituels. Chaleureux, quand il s’agit d’applaudir sur nos
balcons les personnels en lutte contre le
virus, le rituel se fait clinique et funèbre
quand vient l’heure des chiffres. Derrière
ces chiffres, des personnes souffrent, se
battent pour la vie, guérissent ou nous
quittent. Un gros tiers de ces dernières
résidait en Ehpad, ces « Établissement
d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes
».
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Des
témoignages saisissants, parfois révoltants,
nous sont parvenus de ces établissements où
des militantes et militants CFTC, héroïques
comme leurs collègues, font face à des
conditions de travail d’un autre âge.
Comment également ne pas s’attrister,
s’indigner des conditions de fin de vie de
nos concitoyens qui sont aussi nos parents ?
La CFTC, depuis le début de la crise, se
refuse à polémiquer sur quelque sujet que ce
soit. En prise avec l’urgence, nous manquons
du recul nécessaire à la bonne compréhension
du problème. Nous ne pouvons que relayer le
manque cruel d’équipement en masques, en
sur-blouses, en médicaments parfois, en tests
trop souvent. Les compétences médicales,
aspirées par l’hôpital, font aussi défaut…
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Ces
conditions de vie comme de travail, pour les résidents
comme pour les personnels, ne sont bien évidemment
pas habituelles. Si
la crise sanitaire fait plus que grossir le
trait, elle n’en dévoile pas moins un sujet
de société pour lequel les actes sont encore
très loin d’avoir suivi les paroles et les
écrits. Nous compterons, en
2060, 5,4 millions de personnes de plus de 85
ans contre 1,5 million aujourd’hui. Cette «
révolution démographique de l’âge »
s’impose dès lors comme l’un des
principaux défis pour notre société et pour
la soutenabilité de nos finances publiques !
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La
loi d’adaptation de la société au
vieillissement, promulguée fin 2015, s’est
emparée de ce défi dans son premier volet du
moins. Elle a, entre autres, introduit des
dispositifs favorisant des alternatives au «
tout établissement ». Si la CFTC avait salué
ces premières avancées, elle déplore
aujourd’hui les reports successifs du second
volet. Des reports qui semblent n’avoir
d’autres raisons que budgétaires donc
politiques. Au regard de notre triste actualité
mais aussi des difficultés qui préexistaient
à la crise, des solutions maintes fois
repoussées depuis 2015 s’imposent
aujourd’hui.
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Parmi
celles-ci, la CFTC soutiendra l’objectif
d’augmentation de 25 % du nombre de
soignants par résident en Ehpad.
Des établissements qui devront être
davantage médicalisés via l’embauche de
cadres infirmiers dont le manque aujourd’hui
aggrave des difficultés organisationnelles et
humaines récurrentes. Du côté des résidents,
nous défendrons une redéfinition du cahier
des charges auquel sont liés les établissements
privés comme publics. Un panier de services
obligatoires devra garantir l’accès aux
soins de « bien-être » ainsi que la sécurisation
des visites des proches familiaux et autres
intervenants extérieurs dans un contexte de
risque épidémique. Enfin et parce que le
drame vécu sous nos yeux par les personnels
d’établissements, par leurs résidents et
leurs familles est indigne d’une société
se réclamant du « progrès », la CFTC
demande que la réforme sur la perte
d’autonomie figure en première ligne de
l’agenda post-confinement du dialogue social.
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Édito
de Cyril Chabanier, Président de la
CFTC |
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