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La
fédération CFTC Santé Sociaux représente
les salariés et agents des établissements
et services qui sont en première ligne
dans la lutte contre le Covid-19. Son secrétaire
général, Frédéric Fischbach, réclame
du matériel et une reconnaissance
salariale pour les soignants et les
travailleurs sociaux. Il dénonce
l’abandon du secteur social. Il réclame la participation des corps intermédiaires à
l’anticipation des crises sanitaires.
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Comment
soutenez-vous vos adhérents ?
Nous avons
fermé l’accueil au public. Mais nous
mettons une permanence juridique à
disposition de nos syndicats locaux.
Ceux-ci peuvent aussi s’appuyer sur
notre site web et notre page Facebook.
Nous leur envoyons également une
newsletter dès que nous disposons
d’une nouvelle information.
À
qui peuvent s’adresser les adhérents
?
Ils peuvent téléphoner à la fédération. C’est moi qui gère
le standard pendant la période de
confinement. Ils peuvent aussi poser des
questions, en fonction de leur branche
professionnelle, via le champ
“contact” de notre site web. Nous avons reçu beaucoup de questions d’assistantes maternelles,
que nous orientons vers leur référente
nationale. Elles se demandaient néanmoins
si elles pouvaient accepter
d’accueillir des enfants.
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Il y a eu aussi beaucoup de questions de salariés des pharmacies
d’officine. Les pharmaciens sont en effet réquisitionnés
et ils ont besoin des préparateurs pour
fonctionner. Certains employeurs ont installé
des vitres en plexiglas pour éviter les
contaminations, mais pas tous. Leurs questions
ont principalement porté sur le droit de
retrait et la possibilité d’avoir des
masques.Globalement,
il y a une inquiétude quant au risque de
contamination.
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Pourront-ils
bénéficier, comme les salariés du privé,
de la prime de mille euros ?
Non,
cela n’est pas prévu pour les
fonctionnaires. Cependant, nous demandons que
l’effort consenti par les agents soit récompensé.
Mais Gérald Darmanin ministre de l’Action
et des Comptes publics,
a affirmé qu’il n’en était pas
question. Il a aussi déclaré à BFM TV que “la
meilleure prime qu’on peut donner aux
soignants, c’est de respecter les gestes
sanitaires”. Il se moque de nous
!
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Que
vous inspirent les efforts des soignants dans
cette période ?
Les soignants, ce ne sont pas que les agents de la fonction publique
hospitalière. Ce sont aussi les salariés du
secteur privé, qui travaillent dans les hôpitaux
à but non lucratif et les cliniques, les
Ehpad privés ou les établissements sociaux
ou socio-médicaux. Sans oublier les
assistantes maternelles, lourdement sollicitées
pour que les soignants qui ont des enfants
puissent aller travailler. La solidarité entre soignants m’a beaucoup impressionné. Pour
les plus jeunes d’entre eux, ça peut être
une révélation d’avoir à tenter de sauver
des vies dans ces conditions extrêmes.
Le
dévouement de certains, en Ehpad, les a même
conduits à se confiner dans leur
établissement, afin de protéger à la fois
les résidents et leur propre famille.
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Que
regrettez-vous concernant la gestion de la
crise ?
On peut regretter que les autorités n’aient pas pris conscience
plus tôt de la nécessité de protéger les
personnels et plus particulièrement celui de
l’aide à domicile et des Ehpad. Dans les
Ehpad, ils ont finalement été obligés de
confiner tous les résidents. S’ils avaient
eu des tests, ils auraient pu n’isoler que
les patients contaminés. Il faut se rendre
compte de ce que c’est, pour une personne dépendante,
d’être isolée dans une chambre de 18 à 22
m², douche et sanitaire compris. Certaines ne
sont pas en capacité de comprendre, et
peuvent vivre cela comme une maltraitance.
Alors qu’il s’agit au contraire de les
protéger.
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Cette
crise suscite-t-elle en vous des espoirs pour
l’avenir ?
Je
souhaite que le ministre de la Santé et des
solidarités prenne la mesure de la gravité
de la situation afin qu’à l’avenir nous
n’atteignions plus ce degré de criticité.
J’espère aussi qu’il y aura une
reconnaissance salariale des métiers de nos
branches professionnelles. Beaucoup sont en
effet payés aux alentours du Smic alors
qu’il y a une forte valeur sociale de ces métiers
à valoriser. |
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N’est-il
pas illusoire de demander pour les soignants
le respect de l’équilibre entre vie
personnelle et vie professionnelle ?
Non, je ne crois pas. Les infirmières et les aides-soignantes enchaînent
en ce moment des postes de 12 heures. Mais les
gardes d’enfants ne sont pas organisées sur
le même rythme. C’est une réflexion qui mérite
d’être menée en temps normal mais qui
apparaît d’autant plus cruciale en ce
moment. De plus, quand on travaille à ce
rythme, la vigilance baisse. Il y a alors des
risques d’auto-contamination et de
contamination entre collègues. Et puis, à
ces 12 heures il faut ajouter le temps des
transmissions entre équipes, le temps passé
au vestiaire et le temps de transport. On
arrive facilement à 14 heures. À quel moment
ces personnes dorment-elles, s’occupent de
leurs enfants, décompressent, pour ensuite
regagner en vigilance ? Si on ne prend pas
cela en compte, on va droit dans le mur !
C’est
pourquoi nous demandons aux sections locales
d’être force de proposition sur ce sujet.
De redoubler de vigilance. Et d’être auprès
de leurs collègues dans ce combat contre l’épidémie. |
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Quelles
difficultés rencontrent actuellement les
travailleurs sociaux, que vous désignez comme
“les grands oubliés” de cette crise ?
Les travailleurs sociaux n’ont pas forcément d’équipement de
protection quand ils sont en contact avec des
populations à risque. Cela les met en danger,
ainsi que les personnes dont ils s’occupent. Il faut penser aussi à ceux qui interviennent auprès des
personnes handicapées. Et aux aides à
domicile, également. En temps normal, ces
travailleurs sont les seules personnes que
voient les gens les plus isolés. Ceux-ci
n’auront donc vu, au bout d’un mois de
confinement, strictement personne.
À l’Aide sociale à l’enfance, il y a des
accompagnements qui ne se font plus, parce que
les structures qui en sont chargées sont fermées.
Donc pour l’instant, le social est l’angle
mort de l’action publique.
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Que
demandez-vous alors, maintenant ?
Nous demandons que les travailleurs aient accès au matériel de
protection tout en accompagnant dans les
meilleures conditions les personnes en
difficulté. Nous faisons régulièrement le
point avec nos syndicats. Et nous obtenons
toujours les mêmes informations : “il nous
manque des masques, des surblouses, des
surchaussures, etc.” Les personnels ont
recours au “système D”. C’est bien mais
ça demande beaucoup d’énergie, qui
pourrait être employée dans la lutte contre
l’épidémie.
Quant aux aides à domicile, beaucoup
d’associations leur demandent d’accomplir
des actes non essentiels, comme le ménage. On
leur dit qu’elles ne doivent pas y aller.
Mais qui va maintenir le lien social ? On
s’aperçoit que l’accompagnement dans la
vie sociale des personnes en difficulté a été
complètement abandonné.
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Est-ce
que la crise du Covid-19 vous inspire
d’autres réflexions ?
Beaucoup de salariés et d’agents vont travailler la boule au
ventre. Ils continuent de le faire par dévotion
ou par engagement personnel. Très bien. Nous
sommes dans une médecine de guerre
actuellement, les troupes sont actives mais
qu’en est-il de l’après ? Il faut réfléchir
aux mesures de soutien psychologique à mettre
en œuvre dès aujourd’hui. Et par la suite,
il serait bon que les pouvoirs publics fassent
participer les corps intermédiaires, qui sont
primordiaux selon moi. Il s’agirait de réfléchir
ensemble aux mesures à mettre en oeuvre dans
la perspective de nouvelles pandémies. Quand
on se prépare en amont, il est plus simple,
au cœur de la crise, de s’employer à ce
qui demande toute notre attention
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